dimanche 29 novembre 2015

Manuels anciens: Partagez vos trouvailles ...

Manuels anciens: Partagez vos trouvailles ...

Jean-Gaston Mantel 
Amiens 1914 - Rabat 1995
  
Au Maroc des années 50, les écoliers, toutes origines et confessions confondues ont eut dans leur programme scolaire de français, les livres des Editions Ogé, illustrés par Jean-Gaston Mantel.

En noir et blanc ou en bichromie ces illustrations étaient très réalistes et moins candides que celles de son confrère Raylambert qui ne manquait pas de talent non plus.
Ce fut un facteur majeur pour inciter les jeunes à la lecture.

Pour les gamins que nous étions ce fut une véritable découverte.
A l'opposé des manuels scolaires s'adressant à lune France gauloise, les dessins de Mantel illustraient le quotidien de tous les jours.

Certains arrachaient ces pages illustrés au risque d’être puni par le sadique instituteur algérien (agent du FLN).

Je me rappelle surtout d’une vignette en noir et blanc qui représentait un combat de boxe.
Il y avait des ombres et des lumières, le graphisme était proche des bandes dessinées que je lisais ou que je feuilletais plutôt à l’époque : Kiwi, Rodéo, Nevada, Tex-Tone et Black Boy entre autres.

Dans les années soixante dix, un de mes profs me fait découvrir Guido Buzzelli (1927–1992).
C’était le croquis d’un cavalier de dos qui illustrait l’éditorial de Wolinski dans le mythique «Charlie Mensuel».
Je n’imaginai pas que des années plus tard, j’occupais le même espace avec le même éditorialiste.
Ce dessin que j’ai cherché vainement y compris sur le net avait beaucoup de similitude avec le style de Mantel.
Le mouvement et la force du trait pour définir l’espace que l’on appelle actuellement 3d, tout y était.
Devenant accro à Charlie Mensuel comme tous les jeunes de ma génération, j’y découvris Heinrich Kley (1863–1945) de même facture, grâce toujours à l’éditorialiste Wolinski.

 
Mais revenant à notre grand Maître J.-G. Mantel.
Monsieur Mantel est né en 1914 à Amiens.
Il sera étudiant aux Beaux-Arts de Paris. En 1936, il obtient le prix de la Société nationale des Beaux-Arts qui lui permettra d’embarquer pour le Maroc en pleine expansion déclenchée par l’énergique Lyautey, mort deux ans auparavant.
A Rabat, il travailla dans un atelier dans la Kasbah des Oudayas où l y enseigna le dessin.

Contraint de rejoindre la métropole pour défendre le pays des menaces nazis, il s’empressa de regagner son pays d’adoption une fois la paix revenue.
Il y restera jusqu’à sa mort en 1995.
J’ai mieux apprécié l’œuvre de cet immense artiste grâce à son éditeur M. Henri Ogé que j’ai eu comme prof d’histoire de l’Art et pour lequel j’ai travaillé par la suite.
Mantel a eu une grande influence sur tout ce qui se créait en matière artistique au Maroc.
Parmi ces adeptes, anciens disciples ou admirateurs, on peut citer Roman Lazarev, peintre-aquarelliste et sérigraphe dont l'atelier se trouvait dans le quartier Maârif, Albert Pilot peintre-galeriste, Géronimo peintre, Paul Ceccaldi peintre et bien sûr le peintre Hassan el Glaoui fils du Pacha du même nom, dauphin de Winston Churchill militaire et peintre.
Sans tomber dans l’orientalisme béat, Mantel a eu le mérite de donner de la noblesse aux fellahs dans leur travail quotidien de la terre comme Millais. Il exalta leurs chevauchées fantastiques dans les Fantasias et leurs moussems tel Brueghel l’ancien dans sa kermesse.
A l’instar de son compatriote Etienne Dinet en Algérie, il ne se convertit pas à l’Islam mais pris la nationalité marocaine.

Nul artiste n’a peint le Maroc avec autant de sincérité. 


Kada










mardi 12 février 2013

Maurizio Bovarini 1934 -1987

Maurizio Bovarini
1934 -1987

C’était une matinée du mois de janvier 1974, je remontai la rue Olivier de Serres pour
mes cours d’Arts Appliqués.
Le ciel était gris et lourd.
Je lève la tête vers le ciel, quelques gouttes de pluie viennent me rafraîchir le visage.
Je m’arrête chez le marchand de journaux feuilleter Charlie Mensuel  avant de l’acheter.
Je fais défiler rapidement  les planches ennuyeusesDes Peanuts de Charles Schulz et Popeye ainsi que quelques merdes inlisibles mais pas de Buzzelli ni de Paulette de Georges Pichard dans ce numéro 60 qui habillait sa une d’un personnage du dessinateur tordu Benito Jacovitti.
Les dernières planches trop encrées en Noir & Blanc attirent mon attention.
Je tombe sur « Philadelphia Miller, le Gaucher » une BD obscure d’un auteur obscure nommé Maurizio Bovarini.
Une influence de « The Left Handed Gun » (Le Gaucher) d’Arthur Penn avec Paul Newman n’est pas à exclure. Morale biblique, injustice et mort tragique du héros, tout y est.
« He went for an empty holster » (il a tendu la main vers un étui vide), dit Garrett.
Quoi que ce n’est pas mon style, je trouve cette BD audacieuse par son graphisme d’abord et son scénario par la suite.
Je n’ai plus jamais entendu parler de cet artiste. Dommage !

Toutefois, Maurizio Bovarini dessinateur italien est né à Bergame en 1934 et mort à Milan en 1987.
En 1969, il est devenu rédacteur en chef de l'édition italienne de Hara-Kiri magazine,
a collaboré avec plusieurs magazines, tels que Linus. En 1974 il sera publié par Wolinski Rédac  Chef de Charlie Mensuel dans le N° 60 et en 1980 sort l'album 'La Dinastia dei Miller, publié par Editiemme.
Comme tous les artistes expressionnistes, il n’a pas la finesse du trait.
Il a dû encrer ses crayonnés avec un pinceau sec suivi d‘un grattage à la mode de l’époque. Il faut reconnaître que le scénario s’y prêtait.
Wolinski disait de lui qu’il était aussi impitoyable que l'œil d’un enfant ou l'acte d'accusation d'un avocat.
Bref, ce one shot est d’une rare cruauté.
La touche de l’artiste n’est pas sans rappeler le graphisme sordide d’Otto Dix et  le sadomasochisme de Matthias Grünewald.
A vous de juger.
                                                                                                                kada